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Infolettre mai 2025

Tu m'en diras tant! L’infolettre qui s'intéresse à tout ce qui touche la langue.


Tu m'en diras tant!

L’infolettre de ce mois-ci est principalement axée sur des questions. Je suis une grande curieuse, alors pas étonnant que je sois constamment en questionnement. D’abord, est-ce que l’écriture inclusive est encore d’actualité? Une grande (remise en) question qui m’a menée à des recherches exhaustives et des découvertes pour le moins dérangeantes.

 

Ensuite, je reprends mon plus récent billet de blogue, dont j’ai parlé sur LinkedIn. J’y réponds à une question qui m’est posée très souvent ces temps-ci : quelles sont les conséquences si mon entreprise ne s’inscrit pas et ne se conforme pas à la Charte de la langue française?

 

Finalement, je vous parle de magasinage. Pourquoi donc se soucier de la langue, en particulier le français, dans un contexte de magasinage en ligne? J’y réponds avec des chiffres, des réflexions et des astuces.


Je me permets une pause estivale. Mais croyez-moi, je ne chômerai pas! J’accompagnerai près d’une dizaine d'entreprises dans leur analyse linguistique, qui devra être soumise à l’OQLF à la fin août. 


Passez un très bel été!


Anik

 

L’écriture inclusive est-elle encore d’actualité?

 

J’ai commencé la rédaction de ce texte après être tombée sur des publications de la présidente d’une agence de marketing québécoise, que je ne nommerai pas ici, qui affirme que l’écriture inclusive, c’est dépassé. Elle confie ne plus avoir l’énergie pour rédiger de façon plus inclusive. Et surtout, selon elle, il y a bien d’autres causes tangibles qui favoriseraient une vraie inclusion.

Je ne suis évidemment pas d’accord avec cette personne, mais je me suis dit que je devais garder l’esprit ouvert aux opinions contraires aux miennes. J’ai donc ressorti quelques nouvelles des derniers mois à propos de l’opposition à l’écriture inclusive, afin de faire le point. De fil en aiguille, je me suis retrouvée à lire de nombreux articles sur l’écriture inclusive, mais aussi la montée de l’intolérance, l’extrême droite et autres sujets pas très jolis.   


J’ai été frappée par ce que cachent ces interdictions d’utiliser tels termes, tels concepts et telles formes du langage. Je ne peux que constater que, derrière ces tentatives de contrôler les mots se cache une volonté insidieuse : limiter la liberté d’expression et, par conséquent, contrôler la pensée et les comportements. Vous trouvez que j’exagère? Je vous laisse juger par vous-mêmes avec les exemples que j’ai répertoriés pour vous. La liste n’est pas exhaustive.


Je fais une petite parenthèse avant de poursuivre. La plupart des objections à l’écriture inclusive sont axées sur les doublets abrégés, plus particulièrement avec le point médian, et l’écriture non binaire, qui apporte son lot de néologismes. Je partage certaines de ces réserves, mais je rappelle que l’écriture inclusive comporte de nombreux autres procédés qui sont tirés de la grammaire traditionnelle. Malheureusement, dans bien des cas décrits ci-dessous, on semble l’ignorer, consciemment ou non.


L’opposition à l’écriture inclusive dans la francophonie


Quand on pense à la polémique soulevée par l’écriture inclusive, on pense d’abord à la France, où la controverse ne date pas d’hier. Depuis au moins 2021, les circulaires et projets de loi se succèdent. Un nouveau projet prévoit l’imposition d’amendes de 7500 euros aux personnes morales qui utiliseraient l’écriture inclusive, quelle qu’elle soit. Fini les doublons Français, Françaises, qu’affectionnait le général de Gaulle. Interdit aussi d’utiliser les formes féminines mairesse, présidente, directrice, etc. Retournons les femmes aux fourneaux, tant qu’à faire…


À Marseille, une association de formation en audiovisuel s’est vue retirer une subvention de 75 000 euros par année parce qu’elle utilisait l’écriture inclusive dans ses communications. Selon l’un des opposants à l’écriture inclusive de la région, « l'écriture inclusive, c'est un combat idéologique, c'est un combat d'extrême gauche qui vise à détruire notre société ». Rien que ça! Avez-vous déjà vu une société être détruite par quelques épicènes, collectifs ou doublets, vous?


En Belgique, bien que certaines formes d’écriture inclusive soient reconnues depuis 2022, l’opposition est toujours bien présente. En novembre 2024, la ministre de l’Éducation a annoncé que son objectif à terme était d’interdire l’utilisation du point médian dans les écoles. Du même souffle, elle appuie l’emploi de la forme féminine des noms de métiers, titres et fonctions. Fiou!


Et ailleurs dans le monde


Aux États-Unis, l’administration Trump a décidé d’éliminer des concepts qu’elle juge trop « woke » en donnant un grand coup de balai dans le vocabulaire de l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité. Je vous en touchais un mot dans mon infolettre précédente.

En Argentine, le gouvernement de Javier Milei a banni en 2024 le langage inclusif, ainsi que tout ce qui a trait à la perspective de genre dans l’administration publique. L’ajout des lettres E et X, ainsi que de l’arobas, a été interdit, tandis que l’inclusion non nécessaire des formes féminines dans les documents a été abandonnée. Milei lui-même a répété à plusieurs reprises que « l’idéologie du genre et le langage inclusif ne font que détruire les valeurs de la société ». Rien que ça…


En Italie, le ministère de l’Éducation a récemment interdit les symboles neutres et non binaires dans les écoles. Fini l’utilisation de l’astérisque et du schwa, soit un E écrit à l’envers pour remplacer le O masculin et le A féminin. Il souhaite ainsi défendre la langue italienne. De quoi? Il faudrait le demander à la première ministre Giorgia Meloni, dont le parti d’extrême droite est qualifié de post-fasciste. Tiens donc…


En Russie, dans un jugement rendu à la fin de 2023, la Cour suprême affirmait que l’utilisation du genre féminin dans la langue pouvait entraîner des poursuites. Pourtant, l’emploi de suffixes féminins est très répandu en russe, une langue basée sur les déclinaisons, comme le latin, le grec ou l’allemand. En 2024, l’une des grandes universités de Moscou a interdit à sa communauté étudiante d’utiliser des noms féminisés. Un politicien russe aurait même associé le féminisme au satanisme et à l’extrémisme.


Des pays comme l’Allemagne, la Suisse et l’Autrice ont également légiféré contre certaines formes d’écriture inclusive ou ont annoncé leur intention de le faire. Ces exemples illustrent une tendance mondiale où certaines administrations cherchent à restreindre l'usage d’un langage considéré comme contraire aux valeurs véhiculées par le gouvernement en place.


Depuis toujours, le langage est politique


Quand on recule un peu dans le temps, on constate que l’histoire semble vouloir se répéter. Saviez-vous que, sous le régime fasciste de Mussolini, l’Italie avait restreint l’usage de mots étrangers? Ou que les nazis ont utilisé la langue, particulièrement des expressions qui déshumanisaient le peuple juif, pour convaincre du bien-fondé de la Shoah?


L’Académie française a qualifié l’écriture inclusive de péril mortel. Venant de cette institution complètement décalée, ça fait sourire. Mais ça devient moins drôle quand la volonté de représenter la diversité et de promouvoir l’égalité est censurée par les autorités au pouvoir, au point de nier et de faire disparaître la contribution des femmes et des minorités de genre dans l’Histoire. Car en censurant la langue, c’est le monde tel qu’on le conçoit qu’on tente d’effacer.


Avec les reculs de la démocratie et des droits des minorités, la montée de l’intolérance et du masculinisme, nous avons collectivement le devoir de soutenir l’inclusion et l’équité pour tout le monde. Et l’écriture inclusive constitue un premier geste, plutôt simple, en ce sens. J’y crois véritablement. La représentation de la diversité vaut ce petit effort. Ne pensez-vous pas?


Francisation : la question de l’heure

 

Dans ce billet de blogue, j’aborde l'importance pour les entreprises québécoises de se conformer à la Charte de la langue française. Alors que la date limite du 1er juin approche, les risques en cas de non-conformité sont bien réels. Il peut s’agir d’amendes substantielles, de la perte de contrats publics et des sanctions, comme la nullité de contrats. J’encourage les entreprises à adopter une approche proactive en matière de francisation, non seulement pour éviter les répercussions négatives, mais aussi pour renforcer leur compétitivité et leur responsabilité sociale.


Le magasinage en ligne et la langue

 

L’Office québécois de la langue française révélait il y a quelques mois les résultats d’un sondage sur le magasinage en ligne. Je voulais aborder cette question depuis quelques mois, mais d’autres sujets ont attiré mon attention. Bien que les chiffres datent un peu, je soupçonne qu’ils sont encore d’actualité. Pourquoi donc se soucier de la langue, en particulier le français, dans un contexte de magasinage en ligne? Pour répondre à cette question, voici quelques chiffres, réflexions et astuces.

 

1. Le français n’est pas toujours au rendez-vous… et ça agace

  • 47 % de la clientèle francophone se dit insatisfaite de la qualité ou disponibilité du contenu en français.

  • Leçon : Offrir une expérience cohérente, fluide et complète en français n’est pas un « plus », mais bien un minimum requis, autant pour se conformer à la loi que pour bâtir la confiance.


2. Des suivis incohérents peuvent nuire à la fidélité

  • 38 % des clientes et clients reçoivent des communications post-achat qui ne sont pas entièrement en français, même après une navigation en français. 

  • Leçon : Vos courriels, notifications et factures doivent être en parfaite cohérence linguistique avec la langue choisie par la personne qui magasine sur vos plateformes. Un manque de rigueur ici peut nuire à l’image de marque.


3. La recherche multilingue est une réalité… et une occasion

  • 33 % des francophones utilisent des mots-clés en anglais ou bilingues pour magasiner.

  • Leçon : Optimisez votre référencement naturel (SEO) dans les deux langues, mais sans sacrifier la qualité du français. Cela permet de capter une clientèle qui effectue ses recherches en anglais, même si elle préfère magasiner en français.


4. Les personnes plus âgées sont plus fidèles au français

  • 71 % des personnes de 55 ans et plus magasinent le plus souvent en français, contre 36 % des 18-34 ans.

  • Leçon : Si votre clientèle cible inclut des personnes plus âgées, votre site doit être non seulement en français impeccable, mais également simple d’utilisation et accessible (taille de police adaptée, contraste suffisant, navigation claire).


5. Les francophones sont majoritaires à magasiner dans leur langue, mais…

  • Seulement 71 % des francophones disent magasiner le plus souvent dans leur langue, comparativement à 82 % des anglophones.

  • Leçon : Il y a encore un chemin à faire pour que l’expérience numérique en français soit aussi naturelle et fluide que celle en anglais. Miser sur un français de qualité, inclusif et engageant est une réelle stratégie de différenciation.


En résumé :

Pour bien vendre en ligne au Québec, il faut :

  • Offrir une expérience 100 % en français, du début à la fin (site, panier, factures, service à la clientèle).

  • Optimiser le SEO bilingue, mais prioriser la qualité du français.

  • S’assurer que votre site est accessible.

  • Intégrer la langue comme un levier de relation avec la clientèle, pas seulement comme une obligation légale.

 
 
 

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