top of page

Infolettre janvier 2025

Dernière mise à jour : 3 févr.

Tu m'en diras tant! L’infolettre qui s'intéresse à tout ce qui touche la langue.


Tu m'en diras tant!

Une nouvelle année vient de se pointer le nez. On se la souhaite remplie de belles choses, malgré l’état actuel du monde. Avez-vous bien profité du ralentissement des fêtes? De mon côté, j’ai profité de l’accalmie pour rattraper le retard que j’avais accumulé dans mes lectures.

 

J’ai donc parcouru pas un, mais bien deux mémoires de maîtrise sur l’écriture inclusive dans les médias, en plus de regarder une présentation sommaire d’un projet de thèse de doctorat sur le même sujet. J’ai aussi pris connaissance de divers rapports et rédigé un billet de blogue sur la francisation. Je vous parle de tout cela – et plus encore – ci-dessous.

 

Bonne lecture!

 

Anik

 

Astuces francisation

 

On me demande souvent quels sont les ingrédients d’une démarche de francisation réussie. J’ai donc réuni les 10 astuces qui me semblent les plus utiles et payantes.

 

1. Appliquer les principes de gestion du changement

2. Se constituer un échéancier et planifier les différentes étapes

3. S’assurer que l’équipe de direction du Québec montre l’exemple

4. Inclure le personnel dans la démarche

5. Se doter d’une politique linguistique

6. Prioriser les secteurs où les correctifs sont les plus urgents

7. Prévoir des échéanciers flexibles

8. Former un petit comité responsable

9. Adopter une posture de collaboration avec l’OQLF

10. Documenter les mesures et les décisions

 

Pour le détail de chaque astuce, lisez mon billet de blogue.


Rapport de l’OQLF sur la langue du magasinage en ligne

 

Un sondage mené par l’Office québécois de la langue française en 2023 nous révèle d’intéressantes données sur le comportement des consommatrices et consommateurs du Québec. Voici quelques statistiques. Les constats sont de moi.

 

Plus de la moitié (60 %) des adultes québécois qui magasinent en ligne le font généralement en français, 20 % le font généralement en anglais et un peu plus de 20 % le font autant en français qu’en anglais.

 

→ Constat : pour atteindre sa cible au Québec, mieux vaut avoir une présence en ligne en français.

 

Plus de la moitié des personnes sondées (56 %) utilisent le plus souvent des mots-clés en français pour leurs recherches, 25 % préfèrent des mots-clés en anglais et 19 % utilisent des mots-clés dans l’une ou l’autre langue.

 

→ Constat : pour ressortir dans les résultats des moteurs de recherche, il faut une bonne stratégie de référencement en français.

 

Un peu moins de la moitié dit avoir éprouvé au moins occasionnellement de l’insatisfaction relativement à la disponibilité ou à la qualité du contenu en français sur une plateforme numérique (site Web, application ou média social).

 

→ Constat : des outils numériques en français, c’est bien; des outils numériques en BON français, c’est mieux.

 

La majorité des anglophones (82 %) et des francophones (71 %) magasinent en ligne le plus souvent dans leur langue.

 

→ Constat : pour optimiser ses chances d’atteindre un plus vaste public, mieux vaut faire du commerce en ligne dans les deux langues.


L’écriture inclusive dans les médias

 

Ces dernières années, de nombreux travaux de recherche ont porté sur divers aspects de l’écriture inclusive. Son utilisation dans les médias a même fait l’objet de deux mémoires de maîtrise et d’une thèse de doctorat (en cours). Les deux mémoires de maîtrise (un en Belgique et l’autre au Québec) ont été déposés en 2021.

 

Le mémoire de Mylène Roy, de l’Université de Sherbrooke, avait pour objectif de « faire ressortir les représentations les plus fréquentes dans les discours de presse pour en dégager les perceptions globales qui y sont rattachées. » L’autrice a épluché le contenu de La Presse, du Devoir, du Journal de Montréal et de La Tribune, de 2007 à 2019.

 

L’autrice brosse un tableau très complet du discours sur la féminisation linguistique à travers de multiples exemples. Elle aborde les différentes formes de féminisation dans les textes – féminisation des titres, doublets, termes épicènes et accord de proximité – et répertorie divers articles, chroniques et lettres d’opinion qui traitent du sujet. Parmi les constats :

 

  • Le sujet de la féminisation du discours fait davantage l’objet de textes d’opinion de la part de personnes dont la linguistique ou la langue n’est nullement la spécialité.

  • La question de la féminisation s’inscrit dans un discours social plus large, soit le statut que les femmes occupent dans la société. La féminisation linguistique trouve sa source dans le féminisme et le contexte sociopolitique.

  • Davantage que la féminisation des textes, c’est la féminisation des titres (fonctions, métiers, grades) qui prend encore beaucoup de place dans le discours, notamment parce que le débat fait encore rage en France, alors que la question est réglée depuis longtemps au Québec.

 

Pour son mémoire, la Belge Clémence Vanhal, de l’Université catholique de Louvain, a analysé un corpus de presse écrite et de textes publiés par des partis politiques en Belgique en 2021, tout en suivant l’évolution de l’écriture inclusive en France, au Québec et en Suisse.

 

L’objectif avoué de l’autrice : « dresser un état des lieux des pratiques actuelles, illustrant, à partir d’un corpus, quelles techniques sont les plus utilisées et lesquelles ont du mal à s’implanter dans les usages. » C’est un véritable travail de moniale auquel elle s’est astreinte : corpus de plus de 48 000 mots, analyse détaillée comprenant position (pour ou contre), technique utilisée (par domaine et par source), effet (neutralisation ou visibilisation), contexte et autres axes d’analyse.

 

Alors, quels procédés sont les plus utilisés? Sans ordre particulier : masculin générique, forme féminine, forme épicène, nom collectif et formule neutre. La presse a plus souvent recours aux formes féminines qu’au masculin générique. Le milieu politique a davantage recours aux noms collectifs. Pas surprenant, puisque ce milieu doit ratisser large pour atteindre un plus vaste public. La néologie est le procédé le moins utilisé.

 

Enfin, Clémence Vanhal constate que la neutralisation est plus courante que la visibilisation du féminin, notamment en raison du plus grand nombre de techniques. Il y a donc un certain effet négatif sur les femmes, mais le point positif, c’est qu’on inclut tout le monde.

 

Comme je le dis souvent : le choix des procédés dépendra de votre objectif et de votre public cible. Ce mémoire de maîtrise le démontre bien.

 

De son côté, Nikita Kamblé-Bagal, doctorante à l’Université d’Ottawa, a présenté, lors du dernier congrès de l’ACFAS, les résultats préliminaires de ses recherches sur l’utilisation des techniques d’écriture inclusive dans La Presse et Le Devoir, entre 2018 et 2021. Le corpus était limité au moment de la présentation. Cependant, on peut constater que, malgré certaines politiques éditoriales réfractaires, l’écriture inclusive s’implante peu à peu dans les pages de ces deux quotidiens.

 

Sans surprise, les procédés les plus utilisés sont la féminisation des titres (fonctions, métiers, grades), les termes épicènes et les doublets complets. Les doublets abrégés sont utilisés avec parcimonie, tandis que les néologismes sont pratiquement inexistants. On a bien hâte de lire la thèse lorsqu’elle sera terminée.

 

L’écriture inclusive est donc présente dans de multiples sphères de la société, y compris dans les médias. Comme le dit Mylène Roy dans son mémoire : « les discours de presse, pouvant être porteurs d’autorité, exercent une certaine influence sur les perceptions du public en ce qui a trait aux phénomènes présentés. » La dernière version du Guide de rédaction en ligne de La Presse canadienne recommande d’ailleurs l’adoption d’une écriture plus inclusive. Il sera intéressant de voir si les journaux suivront cette recommandation.

 

Sommet expérience 2025

 

J’ai été invitée à participer à un panel intitulé Accessibilité et éco-conception: vos valeurs au cœur de l'expérience client dans le cadre du Sommet expérience 2025 de Formations Infopresse. J’y discuterai de l’importance de la communication inclusive et accessible dans un cadre d’expérience clientèle. C’est un rendez-vous le 18 février prochain.


 
 
 

Commentaires


bottom of page